Le 31 octobre 1517, Martin Luther placardait sur la porte de l’église de Wittenberg les 95 thèses qui devaient changer la face du monde chrétien. Mais ce geste devenu légendaire ne doit pas masquer la complexité de la Réforme, la richesse de ses courants théologiques, ses implications politiques ou encore son ancrage dans la spiritualité des sociétés de la fin du Moyen Âge.

Les festivités organisées à Neuchâtel autour des 500 ans de la Réforme fournissent l’occasion de faire découvrir au public les enjeux de ce bouleversement inouï de la manière de vivre sa foi dont les répercussions se font sentir jusqu’à nos jours, et de réfléchir sur ce que les affrontements confessionnels du XVI^e siècle nous disent sur notre propre société. Dans une optique de dialogue entre passé et présent, ce cycle de conférences abordera donc des questions qui furent cruciales dans l’affirmation du protestantisme face à l’Église catholique et dévoilera des parallèles parfois évidents, souvent inattendus, avec notre époque. Que n’a-t-on pas dit, en effet, sur les interdits de l’image en Islam, sans jamais vraiment se poser la question de l’inscription des tendances iconoclastes dans une longue histoire des monothéismes, dont l’iconoclasme protestant est l’une des manifestations ? Ne comprend-t-on pas mieux pourquoi des hommes et des femmes fuient aujourd’hui leur pays, lorsque l’on se souvient du sort des protestants ou des catholiques obligés de quitter leur terre natale s’ils voulaient vivre leur foi ?

Il ne s’agit pas ici, bien entendu, de tout mélanger et d’affirmer que notre XXI^e siècle n’est que la répétition de temps plus éloignés, mais de proposer des éclairages sur une époque où c’est en Europe que courait la fracture religieuse et que faisaient rage les guerres de religion, et d’inviter ainsi à penser à nouveaux frais les affrontements religieux contemporains.