Communiqué
Des arbres indigènes repoussent entre des palmiers à huile
18 novembre 2024
Sur l’île de Sumatra en Indonésie, une équipe internationale de recherche a réussi à favoriser la restauration d’arbres indigènes dans une plantation de palmiers à huile. Comment ? En disséminant des îlots d'arbres sur l’exploitation, dans lesquels certaines essences locales ont dépassé les 15 mètres de hauteur en six ans. Professeure en biologie de la conservation à l’Université de Neuchâtel, Clara Zemp a co-signé un article relatant ces résultats vendredi dans la prestigieuse revue Science.
Les forêts tropicales d'Asie du Sud-Est sont réputées pour leur biodiversité, mais elles sont également confrontées à des menaces importantes liées à l'expansion des plantations de palmiers à huile. La demande mondiale d'huile de palme augmentant, il est devenu urgent de mettre en place des stratégies de restauration efficaces dans ces paysages. Ainsi, une expérience d'enrichissement de la biodiversité intitulée EFForTS-BEE a été mise en place depuis 2013 à Sumatra sous l’égide de l’Université de Göttingen (D), à laquelle participent également l'Université IPB, l'Université de Bogor et l'Université de Jambi, en Indonésie.
Espèces exotiques peu présentes
L’étude a démontré que les 52 îlots d'arbres disséminés favorisent non seulement l’éclosion des graines replantées, mais aussi l'établissement d'espèces à partir de graines arrivées par exemple par le vent ou les oiseaux. On y dénombre également des arbres endémiques propres au Sundaland, région s’étendant de la péninsule malaise jusqu’à Bornéo. Quant aux espèces exotiques - c'est-à-dire celles qui ne sont pas originaires de la région étudiée –, elles ne représentent qu'une petite fraction des zones restaurées par régénération naturelle.
« Notre article montre que le paysage n’a que peu d’influence sur la régénération observée, note Clara Zemp, qui a notamment développé la méthodologie du projet. La distance aux forêts et la présence d’arbres isolés dans le paysage ne jouent pas de rôle dans la diversité des arbres qui se sont établis spontanément dans les îlots. Ce sont surtout des facteurs locaux tels que la qualité du sol et la superficie des îlots qui exercent la plus grande influence. C’est surprenant, surtout pour les espèces endémiques et inféodées aux forêts. »
L'équipe a toutefois constaté que, malgré ces résultats prometteurs, les niveaux de biodiversité dans les zones restaurées étaient encore bien inférieurs à ceux des forêts non perturbées. Cela souligne la nécessité urgente de protéger les parcelles de forêt restantes, dont la valeur de conservation est irremplaçable.
Contact :
Prof. Clara Zemp
Laboratoire de biologie de la conservation
Tél. +41 32 718 31 14
clara.zemp@unine.ch
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Plantation industrielle de palmiers à huile à Jambi, Sumatra
Crédit photo : Gustavo Paterno